La taxonomie verte

Les débats ont fait rage au sein de la Commission européenne ces derniers mois au sujet de la « taxonomie verte ». La taxonomie verte, c’est une classification européenne standardisée des activités économiques n’aggravant pas le changement climatique. Son but ? Parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050 et canaliser l'investissement privé vers la transition climatique.

Les discussions entre la France et l’Allemagne concernaient le gaz naturel et le nucléaire. Le projet de la Commission européenne prévoyait initialement d’inclure le nucléaire dans la liste des énergies vertes de l’Union européenne aux côtés de l’éolien et de l’énergie solaire. Il s’agissait d’un sujet important pour la France parce qu’en 2021 77% de la production électrique en France a été d’origine nucléaire (contre 12% en Allemagne) et qu’en février dernier le Président français, Emmanuel Macron, annonçait la construction de 14 nouveaux réacteurs d’ici 2050, en plus des 58 réacteurs déjà existants. Inclure le nucléaire dans la taxonomie verte de l’Union européenne doit permettre ainsi à la France d’obtenir des financements européens et privés supplémentaires pour financer ces nouveaux réacteurs. D’autres pays comme la Roumanie et la République Tchèque étaient également en faveur du nucléaire. De son côté l’Allemagne (avec le Luxembourg, l’Autriche, l’Espagne et le Danemark) s’y est opposée, citant des coûts et une dangerosité élevée, mais également pour des raisons environnementales et politiques. En effet, fin 2021 l’Allemagne a fermé la moitié de ses six centrales nucléaires en activité dans le cadre de son engagement à éliminer l’énergie nucléaire de son mix énergétique d’ici 2022.

L’opposition entre la France et l’Allemagne fut moindre concernant le gaz naturel. Inclure le gaz naturel dans la taxonomie verte était surtout la priorité de l’Allemagne. En effet, l’Allemagne est dépendante du gaz pour son économie. Il représente 17% de la production électrique et 50% des logements sont chauffés au gaz. L’Allemagne considère le gaz comme une énergie prioritaire capable d’assurer sa transition énergétique : Il s’agit d’accompagner la production électrique à partir de l’éolien et du solaire (qui représente environ 40% de la production électrique, mais qui est variable selon les années et les saisons), de remplacer à la fois les polluants charbon et lignite (28%) et d’accompagner la sortie du nucléaire. Inclure le gaz permettrait ainsi de favoriser les investissements et d’accélérer sa transition énergétique.

Le mercredi 2 février 2022, la Commission européenne a tranché : le gaz et le nucléaire ont été inclus dans la taxonomie verte européenne.

Auteur : David Lefevre

Sources :

 

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